La prévention du risque chimique : deux entreprises du Tarn-et-Garonne témoignent

L’utilisation des produits chimiques se retrouve dans de nombreux secteurs d’activités, nous avons choisi de parler du secteur des sous-traitants de l’aéronautique qui regroupe une quarantaine d’entreprises sur le département du Tarn-et-Garonne. Deux adhérents au SMTI 82 ont accepté d’apporter leur témoignage sur : la prévention du risque chimique mise en place dans leur entreprise et  leur collaboration avec le SMTI 82 en matière de prévention. Il s’agit de Gillis Aéro située dans la commune de Dieupentale dirigée par Serge Dumas et Normaero située dans la zone Nord de Montauban dirigée par Bruno Boissières.

Dans les deux entreprises, la manipulation des produits chimiques est hebdomadaire voire quotidienne. L’appréciation du danger lié aux produits chimiques commence par la lecture de l’étiquette et la consultation de la Fiche de Données de Sécurité (FDS).

Serge Dumas souligne la nécessité d’avoir la FDS quand un nouveau produit est commandé. La politique sécurité de l’entreprise en matière de risque chimique veut que « tant que la FDS n’est pas fournie, la facture ne soit pas réglée ».

Ces deux entreprises manipulent des produits plus ou moins dangereux pour la santé et l’environnement allant du produit classé comme irritant au produit classé comme Cancérigène, Mutagène, Reprotoxique (CMR). Ces derniers produits ne sont pas substituables pour le moment et sont imposés par les clients.

Du fait de la dangerosité des produits notamment sur ceux utilisés pour le traitement de surface des mesures de prévention drastiques ont été mises en place. D’un point de la protection collective, les produits plus dangereux sont stockés dans une armoire et un local spécifique fermés à clef. Les produits sont placés sur des bacs de rétention. Il existe des systèmes de captage des polluants par aspiration pour éviter l’inhalation de composés lors de leur manipulation. Les opérateurs sont équipés de moyens de protection individuelle adaptés comme des combinaisons, des gants spécifiques, des masques de protection à cartouche pour certaines opérations. Ces opérateurs ont été formés sur la prévention du risque chimique et sur la manipulation de ces produits en toute sécurité.

Comme en témoigne Sandie Perez Responsable Qualité Sécurité Environnement de l’entreprise Normaéro, l’entreprise a réduit le nombre de collaborateurs exposés aux produits les plus dangereux au cours de ces dernières années. Dans ce cadre-là, le choix a été fait de sous-traiter les analyses chimiques des bains de traitement de surface. Depuis de nombreuses années, l’entreprise a mis en place une base interne de gestion de produits chimiques.

Les équipes du SMTI 82 apportent leur savoir-faire en matière de conseils de prévention du risque chimique et de suivi des salariés dans l’entreprise. Pour illustrer cette collaboration, nous avons choisi deux exemples. Le premier concerne le renforcement de la prévention suite à un accident du travail survenu dans l’entreprise Gillis Aéro et le second concerne l’aide apportée en matière de métrologie à l’entreprise Normaero en estimant l’efficacité de ses systèmes de captage et en mesurant par des prélèvements atmosphériques l’exposition potentielle des salariés à des substances chimiques pouvant être présentes dans l’atmosphère de l’atelier.

Renforcement de la prévention dans l’entreprise Gillis Aéro

Suite à un accident du travail lié à la manipulation de produits chimiques dans l’entreprise Gillis Aéro, le médecin du travail est intervenu dans l’entreprise accompagné du toxicologue industriel en accord avec l’employeur. Une étude du poste, des échanges avec l’employeur et les salariés ont été réalisés pour comprendre les circonstances et les causes ayant provoqué l’accident. Il s’est avéré que ses produits chimiques étaient manipulés régulièrement et aucun problème n’était survenu avant cet accident. Les différents opérateurs présents lors de l’accident n’ont pu déterminer les causes réelles de celui-ci. Après l’intervention, plusieurs pistes ont été évoquées et des mesures de prévention supplémentaires ont été prises : l’achat d’une armoire ventilée pour stoker les produits chimiques en fonction de leurs incompatibilités, ainsi que l’achat d’une sorbonne avec aspiration pour manipuler les produits en toute sécurité. Des travaux ont été effectués pour permettre d’augmenter le renouvellement de l’air dans le local, complété par le renforcement de bonnes pratiques pour le transport des produits en toute sécurité et la mise en place d’une procédure pour éviter l’accident. Grâce aux nouvelles mesures de prévention,  un second accident a été évité. Une des pistes évoquées suite à l’accident de travail a été confirmée. Il s’agissait d’une réaction chimique qui ne pouvait survenir que dans certaines conditions particulières. La source du danger ayant été clairement identifiée, un travail a été réalisé par la mise en place de consignes dans le but d’éradiquer le problème lié au mélange de certains produits.

Comme en témoigne Serge Dumas, le service de santé au travail représenté par le médecin du travail et le toxicologue ont été à l’écoute de l’entreprise (employeur et salariés), l’ont accompagnée en lui donnant des conseils pratiques. Ceux-ci se sont avérés efficaces puisqu’ils ont évité que l’accident se reproduise. Grâce à leur expertise, ils ont pu déterminer de manière précise les causes réelles en collaboration avec l’entreprise.

Aide apportée en matière de métrologie à l’entreprise Normaero

Dans l’entreprise Normaero, le médecin du travail, Bruno Boissières ainsi que les salariés ont voulu savoir si les systèmes d’aspiration étaient efficaces et si des substances dangereuses se retrouvaient dans l’air des locaux de production. Pour cela, le toxicologue a débuté l’intervention par une analyse des fiches de données de sécurité des produits pour rechercher les substances chimiques les plus à risque pour la santé. Par la suite, il a procédé à des mesures de vitesses d’air et de débits d’air sur les systèmes d’aspiration. La dernière étape de mesurage a consisté à placer des capteurs sur les opérateurs pour mesurer la quantité de substances dangereuses potentiellement inhalées sur une journée de travail type. Ces mesures ont permis de conclure qu’il n’y avait pas de substances dangereuses présentes dans l’air et que l’aspiration fonctionnait correctement. Ces mêmes opérations ont été menées sur plusieurs années d’intervalle dans le but de confirmer les premiers résultats obtenus.

Cette collaboration a permis d’informer l’employeur, les salariés et le médecin du travail sur la présence d’un risque par inhalation de produits chimiques. Elle a montré l’efficacité de l’aspiration mise en place par l’employeur et a aussi permis au médecin de renforcer le suivi médical des salariés en complétant son suivi médical par la prescription d’analyses spécifiques.

Le SMTI 82, est à votre écoute
et peut vous accompagner
dans votre démarche.

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